Un projet de loi 105 trop faible

Avez-vous remarqué que le projet de loi 105 a été adopté hier? Ce dossier n’a pas été le plus populaire cet automne. Normal, si on s’arrête à tout le chemin parcouru depuis plus de deux ans. Nous sommes bien loin de la proposition gouvernementale du 4 décembre dernier, présentée dans le projet de loi 86.

Bien que je me réjouisse de l’implantation d’un comité de répartition des ressources (CRR), je reste prudente quant à son application. Les directions générales vont-elles porter les recommandations du comité au conseil des commissaires? Le conseil des commissaires va-t-il adopter les recommandations du comité? Quelle garantie avons-nous de voir notre travail de concertation reconnu? Aucune. Déplorable de constater une aussi grande volonté des commissions scolaires à garder le contrôle.

Au niveau du pouvoir de directives que s’est octroyé le ministre de l’Éducation, il faudra qu’il lui serve à veiller à ce que les bonnes pratiques de gestion soient suivies par toutes les commissions scolaires. À cet effet, j’espère qu’il a du temps, beaucoup de temps, car ce sera une tâche ardue. Ce n’est pas avec le projet de loi qui a été adopté hier matin que les pratiques changeront rapidement dans les milieux.

Voyons également le principe de subsidiarité. À la base, cet ajout à la Loi devait permettre aux directions, à l’équipe-école et au conseil d’établissement de prendre des décisions en fonction des besoins réels de chaque école. Après tout, nous sommes les mieux placés pour le faire. Après l’étude détaillée du projet de loi qui aura grandement dilué ce principe de subsidiarité, on nous présente une définition où les modalités sont très floues, ce qui nous laisse croire qu’encore une fois, les rôles et responsabilités de tout un chacun seront sujets à interprétation et que tout le travail de la dernière année sera soit inutile, soit à refaire très bientôt.

Finalement, parlons de la décentralisation d’argent dans les écoles. Dans le projet de loi, on parle de « possibilités ». On n’y retrouve aucune mention qui obligerait le ministre de l’Éducation ou le parti politique en place à appliquer cette pratique. Cette mesure pourrait donc être abandonnée ou varier au gré du ministre de l’Éducation en poste. Nonobstant le parti politique au pouvoir, nous devons nous assurer qu’une portion du budget du système d’éducation arrive directement dans les écoles, sans balises, afin de laisser la latitude à l’école de mettre à profit son expertise et de déterminer elle-même où l’investir.

Nous devons plus aux élèves du Québec.

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Présidente, FQDE